Perspective
16/04/2019
Au-delà de l’immobilier de prestige, les familles fortunées ont une vision globale quant à l’organisation de leur vie au quotidien. Après avoir acquis leur résidence principale dans une ville internationale de référence, elles vont se constituer un portefeuille de résidences secondaires joignant dans leurs recherches, des aspects pratiques, émotionnels et financiers. Les plus entrepreneurs vont ensuite unir passion et esprit d’entreprendre en investissant dans des « propriétés passion » telles que les hôtels, les haras, les golfs ou les vignobles. Les investissements dans de nombreux autres domaines de passion tels que l’art, le yachting, la voile et les voitures de collection vont leur permettre de conjuguer art de vivre et esprit d’entreprise.
En matière d’investissement, le vin est l’un des rares produits permettant de conjuguer plaisir, placement et rendement. Depuis les années 2000, cette réunion de facteurs amène les grandes fortunes à faire d’importantes acquisitions de domaines viticoles. La concurrence entre investisseurs et leur désir de mettre la main sur les plus belles pépites internationales fait flamber les prix de la vigne. En témoigne l’acquisition du Clos de Tart en Bourgogne par François Pinault pour plus de 30 millions d’euros l’hectare, ce qui en fait le vignoble le plus cher à ce jour au monde.
Il existe plusieurs stratégies pour gagner de l’argent grâce à la vigne, créer une marque en partant de zéro, redresser un domaine et miser sur une plus-value à la revente, acheter de vastes vignobles et jouer sur les marges commerciales, décliner une gamme du haut vers le bas… Une démarche entrepreneuriale souvent menée par des investisseurs ayant vendu leur précédente société et souhaitant s’impliquer dans une nouvelle activité, qu’ils aient ou non l’intention de vivre ou de séjourner sur leur domaine viticole. Des entrepreneurs aguerris, qui devront débourser de 10 à 20 millions d’euros pour un grand cru de 15 à 30 hectares et à partir de 35 millions d’euros pour un cru classé de la même taille dans le Médoc.
“ S’offrir une propriété viticole, c’est concrétiser un rêve, assouvir une passion, accéder à un art de vivre. Reste qu’un tel investissement dans un « produit » noble et cher doit aussi être rentable.”
ARNAUD LURTON - MANAGING PARTNER DE BARNES VINEYARDS INVESTMENT
Les passerelles sont nombreuses entre yachting et immobilier. Un yacht peut en effet être considéré comme une résidence secondaire mobile de bord de mer. Cette mobilité qui permet d’en profiter en toutes saisons est d’ailleurs l’un des premiers critères d’achat. Les points communs ne s’arrêtent pas là. Le marché du yachting peut compter, comme l’immobilier résidentiel, sur une logique de rentabilité économique grâce à la mise en location. Avec un ratio assez simple, on considère que 10 semaines de location permettent de couvrir les frais annuels de gestion et d’entretien d’un yacht. Une solution choisie par 80 % des propriétaires armateurs.
Il est donc possible d’envisager de gagner de l’argent grâce à un yacht. D’abord en le louant régulièrement, notamment dans un cadre événementiel de prestige. Ensuite, comme on le ferait pour une villa ou un appartement, en acquérant une unité défraîchie pour la remettre au goût du jour, ce qui permet de dégager une intéressante plus-value à condition de soigneusement préparer l’opération.
Si l’industrie du yachting de luxe est essentiellement européenne, les acheteurs sont de plus en plus nombreux aux États-Unis et surtout en Asie. L’architecte naval Philippe Briand (Vitruvius Yachts), a ainsi conçu le club-house de The Pavilia Bay, considéré comme le plus beau projet résidentiel de Hong Kong, en reprenant les codes esthétiques du yachting. La boucle est ainsi bouclée, car en parallèle, l’aménagement intérieur des yachts fait de plus en plus référence à celui de l’immobilier de prestige.
“ Le yachting représente le luxe absolu. Imaginez une villa conçue suivant les rêves de son propriétaire, et qu’il pourrait à volonté déplacer dans le monde entier.”
PHILIPPE BRIAND, ARCHITECTE NAVAL
“ L’âge des armateurs de yachts et superyachts baisse sans cesse. Nous voyons arriver une nouvelle clientèle de tous les continents, composée notamment de jeunes chefs d’entreprises âgés de 40 ans.”
ERIC ALTHAUS, CEO DE BARNES YACHTS
Il existe un lien naturel entre l’immobilier de luxe, la décoration, le design et le marché de l’art. Ainsi aux États-Unis, chaque achat de résidence, qu’elle soit neuve ou ancienne, s’accompagne d’un projet global d’aménagement. Afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque client UHNWI, il est important de leur présenter des propositions d’architecture, de décoration et de services faisant appel à une multitude de compétences et de savoir-faire. Le but est de créer des identités, des récits et des histoires qui prendront vie au sein des résidences ainsi conçues.
Présente à Paris, Londres, New York et San Francisco, la Carpenters Workshop Gallery, considérée comme l’une des plus influentes au monde pour le design intérieur, illustre à merveille le dépassement des anciennes frontières entre ces domaines que tout rassemble. Son credo est simple, effacer les limites entre art et design en présentant des séries limitées de « sculptures fonctionnelles », c’est-à-dire des meubles d’un genre nouveau, édités en série limitée par des créateurs de premier plan, de Karl Lagerfeld à Vladimir Kagan ou Johanna Grawunder.
“De nos jours, les clients ne sont plus désignés par leur localisation géographique. Il n’y a par exemple aucun marché chinois, il y a des clients chinois.”
RAFFAELLA VIGNATELLI, PRÉSIDENTE DE LUXURY LIVING GROUP
“L’immobilier de prestige et l’art sont intimement liés. Certaines familles souhaitent être accompagnées sur le long terme dans la gestion de leur patrimoine en art et conseillées pour faire les meilleurs choix.”
CONSTANCE DE MALLERAY, MANAGER DE BARNES ART ADVISORY
L’idée d’acquérir de l’art pour réaliser des plus-values a toujours existé. Pour les HNWI et UHNWI, la notion de rentabilité est totalement compatible avec le coup de cœur et l’émotion générés par une œuvre. Dans une démarche incluant leurs résidences privées, leurs bureaux, les locaux de leur entreprise et éventuellement leur yacht, ils demandent un accompagnement transversal.
En plus des classiques appartements et hôtels particuliers, les entrepreneurs investissent dans un large éventail de biens haut de gamme, avec l’ idée de diversifier leurs actifs tout en s’assurant une certaine rentabilité.
On estime qu’environ la moitié des acheteurs de propriétés anciennes (châteaux, manoirs, demeures de maître…) projette une activité commerciale. Leur intention est claire, amortir le coût d’achat et les charges annuelles d’entretien. Longtemps jugée incompatible avec la notion même d’immobilier de prestige, la question de la rentabilité n’est plus un tabou. Au contraire, elle est aujourd’hui le signe d’une clairvoyance financière et comptable. De l’événementiel, notamment l’organisation de mariages ou de séminaires, à la création de chambres d’hôtes, l’idée est de justifier l’achat autrement que par un coup de cœur créant un asset supplémentaire.
Il va de soi que les entrepreneurs et les self-made-men sont ceux qui ont la plus grande propension à adopter cette démarche. Avec l’apparition d’une nouvelle clientèle composée d’acheteurs ayant entre 40 et 50 ans, issus de l’univers des startups et qui, après avoir longtemps vécu entre plusieurs pays, ressentent le besoin de se stabiliser. Autre cas de figure avec les chasses, qui restent un marché aussi actif que discret en France. Toutes les grandes familles industrielles et financières se doivent d’en posséder une. Passion et raison sont alors conjuguées car les parties de chasse sont traditionnellement le cadre de discussion d’affaires à l’abri des regards.
'Les acheteurs de propriétés, notamment les plus jeunes, n’ont pas le besoin financier de leur adjoindre une activité permettant de les rentabiliser. Mais c’est à leur yeux une évidence économique.'
BERTRAND COUTURIÉ - DIRECTEUR ASSOCIÉ DE BARNES PROPRIÉTÉS & CHÂTEAUX
© BARNES Global Property Handbook
© Barnes International - publié sur Barnes le 16/04/2019
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